Les mystérieuses cités d'or : le spectacle musical
Il fallait un sacré culot pour oser tenter une adaptation théâtral du dessin animé devenu culte.
Diffusé pour la première fois en France à la rentrée 1983 dans Récré A2 puis multi-rediffusée sur les chaînes du service public, cette magnifique série d'animation retrace l'épopée de 3 enfants partis à la recherche des mythiques cité d'or dissimulées au quatre coins du monde. Alors adolescents, c'est aussi une quête d'identité, la découverte des premiers émois et l'ouverture sur un monde encore inconnu pour nos jeunes héros mais aussi pour les adultes qui les accompagnent : le vaillant et énigmatique Mendoza et ses deux matelos Sancho et Pedro.
Il fallait bien 39 épisodes de 28 minutes pour raconter une telle aventure mais ce n'est seulement qu' 1heure et 30 minutes qui sont imparties pour l'adaptation sur scène.
De passage à Paris, je suis surpris d'apercevoir l'affiche de ce spectacle qui finalement tourne déjà depuis le 10 octobre 2021.
Je contacte alors le Théâtre des Variétés de Paris, curieux de découvrir cette version théâtrale et musicale de mon dessin animé favori (A égalité avec "Ulysse 31").
Les gérants du théatre ont eu la gentillesse de répondre rapidement et favorablement à ma demande et me propose d'assister au spectacle lors de mon prochain séjour parisien tout en bénéficiant d'un tarif réduit. C'est donc le 17 décembre, au lendemain de la soirée de lancement du livre "L'histoire de Pif et son gadget", à 14h, que je me rends sur les Grands Boulevards au Théatre des Variétés. Accueilli chaleureusement par les hôtes et hôtesses, on me place aux premières loges , face à la scène, dans un petit salon cloisonné pouvant accueillir 2 personnes. La salle est magnifique, recouverte de velours rouges et de boiseries dorées, le tout éclairé par des lustres aux pampilles étincellantes.
Dans le public, beaucoup de familles, ce spectacle est évidemment idéal pour une transmission culturelle et nostalgique. Encore faut-il que la mise en scène soit adaptée à ce large publique.
Coécrite par Ely Grimaldi et Igor de Chaillé et mise en scène par Nicolas Nebot, la comédie musicale s'ouvre par un superbe tableau très dynamique se déroulant dans une taverne de Barcelone. Le capitaine Mendoza confiant un secret à ses complices Sancho et Pédro : ils partent le lendemain pour le nouveau monde à la recherche de cités d'or. Un jeune garçon caché sous la table entend la confidence...
Musique enjouée, costumes d'époques, décor fidèle, le ton est donné, ça commence très bien.
Le charisme de Mendoza interprété par Sebastiao Saramago traverse toute la salle, il en impose vraiment avec sa grande cape et son sourire radieux. Le duo de matelos fonctionne parfaitement, le jeu d'Olivier Grandclaude et Romain Tomas est très fidèle aux personnages de l'animé, c'est assez bluffant tant physiquement avec les gesticulations maladroites de Pédro que dans l'élocution notamment le bégaiement de Sancho.
Ayant survécus à la tempête, nos héros débarquent sur une île où ils découvrent qu'ils ont amené dans leurs malles une jeune clandestine au caractère bien trempée, Zia, interprétée par Alexandra Datman, qui a pris pour la version moderne de l'assurance et ne compte pas se laisser marché sur les pieds. N'en déplaise au jeune Esteban, David Dumont, qui paraît un peu fade entouré de tous ces personnages haut en couleurs et l'arrivée de Tao, Alvaro Ruault, n'arrange pas ses affaires. Le jeune héritier de l'empire de Mu et son cacatoes Pichu illuminent la scène apportant beaucoup d'énergie et d'humour à la narration. Nos 3 héros réunis sont prêt pour l'aventure !
« Parce que c’est toi, parce que c’est moi, et puis aussi parce qu’on est trois! »
Ne jamais négliger les animaux, les fleurs et la nature
Dans toutes histoires, il faut des méchants et si les conquistadors Pizarro et Alvarès n'ont pas une place très importante dans cette adaptation, les Olmèques sont eux bien présents sous des costumes et une manière de se mouvoir impressionnants.
Pizarro : Lauri Lupi
Dolores : Dorine Pouderoux
Esperanza : Pascale Moe Bruderer
Alvarez / Menator : Benoit Facerias
Puis vient, des défis techniques: faire venir un grand condor sur scène, imaginer une poursuite avec un OVNI, faire sortir de terre des temples gigantesques... Là, j'avoue que malheureusement mon regard d'enfant soutenu depuis le début prend lui aussi son envol et je décroche un peu. Peut-être un peu fatigué, l'effet de nouveauté évanoui, on avance un peu plus difficilement vers la fin de l'histoire. Il faudra attendre la chanson de la fin, hymne culte et générique de la série originale pour réveiller mon enthousiasme retombé.
Enfant du soleil, tu parcours la terre le ciel Cherches ton chemin, c’est ta vie, c’est ton destin
C'est donc avec un avis mitigé que je sors de la salle. Mais le public semble enjoué, les enfants ravis et c'est sûrement là qu'opère la magie du spectacle. L'innocence juvénile efface souvent le regard critique de l'adulte qui, toujours prèt à rajeunir, a parfois du mal à contempler des visuels nécessitant une bonne dose d'imagination.
Saurez-vous retrouver votre âme d'enfant ?
Nominé aux Molières 2022 : catégorie spectacle jeune public