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Ma lettre à Dorothée

Dernière mise à jour : 20 oct. 2023

Très chère Dorothée, « Quel plaisir ça me fait de te retrouver et de te revoir enfin sourire… » Tu m’as accueilli sur ces paroles pendant des années, à mon tour aujourd’hui de te souhaiter la bienvenue dans ma vie.

Cette lettre, je dois te l’écrire depuis toujours mais voilà la vie en a décidé autrement. Ce n’est pas faute d’y avoir pensé mais, je ne sais pas, l’occasion ne s’est pas présentée.

Il y a quelques temps, au début du « Club Do », je crois, je t’avais envoyé, un collage (Une grande maison aux volets fermés et quand tu les ouvrais un de tes amis apparaissaient (Ariane, Corbier, Jacky, Patrick, toi et Roxan bien sûr qui si on l’oublie parfois faisait aussi parti de l’équipe). Tu m’avais en retour envoyé une jolie carte dédicacée… Quel bonheur ce fût ce jour-là… Ma naïveté de l’époque m’avait laissé entendre que tu avais bien reçu ma lettre parmi les milliers d’autres mais qu’en plus, tu l’avais adoré puisque tu avais pris la peine de m’envoyer cette carte. Voilà, ce fût la fin de notre aventure épistolaire. Il m’avait déjà fallu à l’époque du courage pour oser t’écrire, oser t’avouer mon affection particulière…

Il a fallu ensuite attendre quelques années, afin que mon rêve se réalise: te rencontrer ! Mais encore une fois, je n’ai pas osé. J’ai dû user d’un stratagème afin de t’approcher sans m’effondrer…

J’avais 15 ans, tu venais d’enregistrer ton passage dans l’émission « 40° à l’ombre » à Sanary sur Mer, ma ville originaire de part mon père où je passais tous mes étés, bien souvent sans toi car la télé était chez mes grands-parents trop âgés pour comprendre que je préférais te regarder plutôt que d’aller me baigner! (J’avoue qu’avec l’âge, je les comprends à présent !). Donc, voilà, c’est tout penaud que je me suis approché de toi, cet été là pour te demander un autographe… L’adolescent que j’étais un peu honteux, t’as dit que c’était pour sa petite sœur… Mais maline que tu es, tu as su récompensé mon « courage » en m’offrant un baiser avant qu’un autre petit bout de choux te saute dans les bras et me vole, littéralement, la vedette.

Ce sont deux événements qui ont marqué notre relation, enfin surtout pour moi car malheureusement, toute ma vie il a fallu que je te partage avec tous les autres enfants. Jusqu’au jour où j’ai compris que cela pouvait être bénéfique. Toujours pendant cette satanée période de puberté, mes goûts ont évolués, Kylie Minogue et autres jeunes minets ont pris ta place sur les murs de ma chambre, les CD 2 titres ont remplacés les K7 sur les étagères et les vinyls commençaient à être rayés… Heureusement, mes parents on eut l’idée quelques années auparavant de me donner une petite sœur qui arrivant à l’âge de 5 ou 6 ans était ravie de récupérer mes trésors, aussi, quel plaisir de retrouver ton poster géant au dessus du lit de ma sœur, d’aller jouer dans sa chambre et d’écouter mes K7 préférées. Je pouvais ainsi transmettre ma grande culture. Je faisais l’arbitre aussi, quand Anne ou Hélène tournaient un peu trop en boucle dans le magnétophone, je recommandais à ma sœurette de laisser place à une vraie chanteuse… Dans la voiture aussi, sur le siège passager, prétextant que ma sœur s’ennuyait, il fallait donc mettre un peu de musique, la tienne bien sûr… Et pour ma pauvre mère, ça a été le même refrain pendant une bonne vingtaine d’années!

Car tout cela pour moi a commencé chez la nourrice, elle avait à l’époque un drôle d’appareil qui mangeait les disques, quelle étrange idée ! En tout cas cet objet me permettait de monter en voiture et de pousser des « Tchou Tchou » à tire larigot… C’étaient les années maternelles, années où on apprenait les chansons françaises et quoi de mieux pour les apprendre que de les écouter chantées par celle qu’on aime. Ce sont les années où on va pour les premières fois au cinéma, et qu’est ce qu’on va voir : Walt Disney et notamment « Rox et Rouky ». Quel plaisir de te retrouver à la télévision pour nous proposer des extraits des films de la firme de Mickey, déjà à l’époque, il fallait m’obliger à sortir de la maison, je me rappelle même avoir pleuré pour ne pas aller au cirque et une fois le spectacle terminé (celui-ci n’était pas si mal finalement), il a fallu presser tout le monde pour qu’on rentre, on avait encore une chance de te voir…

Je dois t’avouer également que je ne t’ai pas toujours été fidèle même si tu étais pour moi la meilleure, je dois confesser que pour mes 7 ans, mes parents m’ont offert un tourne-disque et un album de Chantal Goya. Ne te fâche pas ! « Le chat botté », même si il a su m’enchanté pendant un moment, n’a pas suffit à m’éloigner de toi… Tes chansons étaient plus belles, plus tendres et même si mon grand frère insister pour louer le spectacle de Marie Rose, c’est sur tes chansons que je m’endormais tous les soirs.

Et puis c’est avec toi que je passais tout mon temps libre, bien sûr, il fallait aller à l’école et malheureusement ce n’était pas toi la maîtresse puisque tu essayais d’enseigner les bienfaits des mathématiques et de l’histoire-géographie aux Schtroumpfs. Par contre, toutes mes récrés se sont faites à 2, toi et moi… Le mercredi était notre rendez vous privilégié, tu m’invitais à m’amuser et rêver.

Rêver, j’en ai eu besoin. Mon père étant malade, gravement malade, ma Maman a dû faire face à la situation avec ses trois morpions et ne pouvait pas toujours être présente et je pense qu’elle était bien contente de savoir que tu avais le pouvoir de me réconforter. Je me souviens qu’à l’hôpital, des docteurs sont arrivés et on m’a vite envoyé chez le marchand de journaux acheté ce que je voulais et comme par magie tu étais là, enfin pas toi mais un de tes disque accompagné d’un poster géant… C’était génial, j’en ai vite oublié les soucis médicaux pour me réfugier dans tes mots.

Et puis, tu m’as laissé tomber pendant des mois, cela m’a paru des années à l’époque. Jacky était là pour nous consoler sur l’autre chaîne mais toi, on ne te voyait plus, j’étais inquiet. Puis, tu es revenue, plus en forme que jamais et tu as fondé ton club de l’amitié. Tu nous as offert de beaux spectacles et toujours de belles chansons sur un rythme toujours plus effréné, plus Rock’n Roll… Et moi, mes années passaient, les tiennes ne semblaient pas te bousculer, et petit à petit, je grandissais et je te délaissais… Un jour, pendant le centre aéré, que j’animais, les enfants m’ont annoncé ton départ, ça m’a fait un choc… Je ne t’avais pas dit au revoir. Je pensais que tu reviendrais vite. Je m’en suis voulu, si comme moi, tous les adolescents t’avaient renié alors il avait fallu te virer et chez TF1… pas de pitié!

Mon amie, ma grande sœur, ma nounou, Dorothée n’est plus là à mon retour de l’école, ni à mon réveil le dimanche matin pour dévorer les croissants…

Les années ont passé, j’ai étudié et Internet est arrivé. Installé dans mon petit studio d’étudiant, je branche mon ordinateur et première chose que je fais c’est lui demander où est passé mon cœur. A cette époque, la connexion est très lente et c’est plusieurs heures pour pouvoir écouter une de tes chansons, qu’à cela ne tienne, grâce à la modernité, je peux enfin te retrouver… Comme un détective privé, j’essaye de savoir ce qu’il t’est arrivé, quels sont tes projets… Tes chansons n’étant plus en rayon, je me transforme en pirates de l’espace web et télécharge tes succès, ils ont un goût si spécial : toujours sucrés et acidulés mais avec un peu d’amertume, de la nostalgie je présume… Pendant des années, on parle de ton retour, quelques ragots, des rumeurs et toujours rien…

Moi, j’ai déjà quitté la France inspiré peut-être par ton exemple de générosité et de solidarité, je suis parti donner un coup de main aux copains, au Sri Lanka d’abord puis en Thaïlande où je me suis installé. C’est ici que je suis quand j’apprends la nouvelle tant attendue: ton retour, d’abord à la télé puis cette année, 16 titres en chanté, un concert et maintenant une tournée…

Dorothée tu m’as manqué, tu nous as manqué. Grâce à Internet, on se retrouve entre copains sur les forums, on redécouvre ta carrière, on partage nos coups de cœur, nos expériences… Ton pouvoir agi encore, tu fais fondre les cœurs. On le sait, la vie est parfois difficile ces jours-ci mais tu es revenue telle une fée pour nous aider à la supporter. Je suis régulièrement tes interviews et tu disais ne pas comprendre pourquoi les gens ont encore tant d’amour pour toi mais c’est pourtant simple, tu nous en as donné tellement qu’il est normal qu’on te le rende, et même si tu t’es absentée pour te reposer c’est un énorme plaisir de te retrouver.

Dorothée, enfin je t’écris et enfin je te le dis : de tout mon cœur, merci !


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